Imaginez-vous une nuit de pleine lune éclairant les sommets alentours, un grand feu digne du premier août, des chants pakistanais accompagnés de danse un vieux bidon servant de tambour le tout accompagné de 7'000 guignant à travers le feuillage des bouleaux qui nous servent de refuge pour la nuit, vous aurez compris que nous avons vécu une soirée inoubliable avec des gens simples mais si extraordinaires.
Tout a commencé ce matin à 4 heures 45 : Karim Baig nous réveille de son si charmant good morning. A 6 heures, les portes de son jardin s’ouvrent et les 119 porteurs que nous attendons s’engouffrent dans le petit jardin. Quelle animation subitement !
Les charges attribuées, les premiers se mettent en route à 6 heures 30 et un peu plus loin, c’est une longue colonne humaine qui se forme sur la petite sente qui serpente dans la caillasse. Avec des charges de 25 kg, les haltes sont fréquentes mais le pas, pour certains, est rapide.
Nous longeons la rivière qui subitement s’élève pour accéder à un plateau d’altitude. Les différentes formations géologiques nous offrent un spectacle magnifique aux couleurs multiples. La flore se dévoile au gré de la montée : nous pensons reconnaître des espèces de géranium, de distes et des liliacées. Quelques névés à traverser, puis après 3 heures de marche, nous parvenons à un pâturage utilisé à la belle saison. Pause de 2 heures que j’apprécie fortement étant donné que mon estomac, plusieurs jours après les autres, fait des siens. Au loin un homme avec un fusil, qui ne m’a pas lâché d’une semelle, crée l’émoi au sein de nos porteurs. Cet homme, qui vient d’une autre vallée, semble les effrayer. Grandes discussions pour lui faire comprendre de quitter les lieux.
Le départ est donné. Un porteur s’écroule sous le poids de sa charge. Ce pauvre homme de 55 ans, pour une espérance de vie moyenne de 60 ans, est obligé de redescendre au village. Un autre porteur prendra sa charge et c’est 50 kilos qu’il portera durant les deux heures qui nous séparent de Duroo camp, petit îlot de verdure au milieu d’un dédale d’ardoise sur lequel seuls quelques pins poussent. Pour le plus grand bonheur de nombreux lézards.
C’est ici que nous passerons la nuit.