Cinq heures 30 du matin. Notre chauffeur mâche sa petite boulette de shit, ce qui ne nous rassure pas vraiment étant donné la route sinueuse et vertigineuse qui nous attend. Mais nous voilà partis.
Les premiers kilomètres sont fort agréables : belle route goudronnée bien qu’entrecoupée quelque fois par des éboulements. Il a beaucoup neigé cet hiver puis beaucoup plu. La saison des moissons a pris du retard. Plus grave pour nous, la fonte des neiges transforme les rivières en torrents ce qui a détruit la route à quelques endroits. Cette situation nous fera souffrir plus tard.
Tea Time, petite halte après deux heures de trajet. Le loriot nous accompagne de son chant. Karim Baig professeur d’anglais au Collège de Chitral et organisateur des transports en jeep et avec les porteurs nous explique que ce chant est annonciateur de blé mûr, de la couleur jaune de l’abricot et de la maturité des pommes. L’été est là !
La route se transforme en piste et les 115 kilomètres que nous devons parcourir, parfois à 10 km/h, nous prendront plusieurs heures! Mais quelle beauté : nous longeons une vallée aride dont les champs jaunes de blés mûrs, les bandes vertes de végétation le long des bisses et certaines fantaisies géologiques égaient.
A quelques kilomètres du village de Karim Baig, Zondrangram, la route est coupée par un éboulement. Impossible de passer avec un véhicule. Par chance, 3 jeeps sont restées bloquées de l’autre côté. Il nous faut transporter les charges sur environ 150 mètres puis les recharger sur les nouveaux véhicules. Plusieurs personnes, comme sorties de nulle part, nous aident contre la somme de 100 Roupies (2 CHF).
Quelques kilomètres plus loin, rebelote ! Nouvel éboulement et route à nouveau coupée. Mais cette fois-ci, une seule jeep est disponible de l’autre côté. Cela nous prend beaucoup de temps : si le premier transport parvient vers 13 heures au village, le dernier parviendra vers les 18 heures 30. Nous apprenons que les villageois sont inquiets car la nourriture va commencer à manquer. Ils attendent encore deux semaines que les rivières dégrossissent avant de procéder aux réparations. Il ne leur restera alors plus beaucoup de temps pour approvisionner les villages.
Nous sommes reçus dans la maison d’hôtes de Karim Baig. Petit coin de paradis après une journée bien remplie sous un soleil éprouvant.
Les 7'000m sont là, proches de nous et nous sentons l’appel des cimes enneigées.